En quelques mots, présentez-nous vos écrits parus à l’ANEP.
L’ANEP a publié mon ouvrage le 8 mai 1945 : le génocide dans sa troisième édition – ce qui est rare. Elle vient également de le publier en langue arabe pour le lectorat algérien arabisant, les étudiants arabisants, notamment, et le lectorat arabe du Moyen-Orient afin qu’ils aient une idée plus juste des sacrifices du peuple algérien. Peut-être, à cet effet, mérite-t-il d’être traduit dans d’autres langues ?
Dans vos différentes lectures quel est l’ouvrage qui vous a le plus marqué ?
Ils sont multiples, mais j’en ai apprécié deux particulièrement, sans que j’en sois forcément «marqué». Mahfoud Kaddache, Histoire du nationalisme algérien : 1919-1951, SNED, 1980. Mohammed Harbi, Le FLN, mirage et réalité : 1945-1962, Naqd-Enal, 1993.
Quel est le thème que vous aimeriez développer si vous aviez l’intention de publier un autre livre ?
Un thème historique, probablement, pour deux raisons :
- L’histoire est la discipline que je maîtrise le mieux ;
- Un peuple sans histoire est un peuple sans avenir, car incapable de tirer des leçons de son passé. Ce serait donc une contribution civilisationnelle.
Que pensez-vous du débat en cours sur la mémoire et la colonisation (à la lumière (?) de la loi du 23 février 2005, française) ?
La loi du 23 février a, au contraire, créé la confusion entre mémoire et Histoire qui n’est pas du ressort du législateur. Si les méfaits du colonialisme – massacres, génocide ou tentatives génocidaires, torture généralisée enfumades, séquestres, expropriations, exploitations, reculs civilisationnels sur différents plans – étaient assez connus, et donc évidents, cette loi scélérate a mis l’ex-colonisé dans la position d’une victime devant prouver son innocence devant un tribunal ; ce qui a inversé les rôles pour n’avoir pas à présenter une demande de pardon ou de repentance au moins et des dédommagements.
En outre, c’est une affaire franco-française qui a remis en question la signature d’un traité d’amitié et se situe dans le cadre d’une campagne préélectorale. Elle est contraire aux fondements de la science (cartésianisme, Dr Claude Bernard, Ecole des Annales) et de la pédagogie ; elle risque enfin d’élargir le fossé entre les nouvelles générations des deux peuples ; elle représente le danger même de la mémoire incapable de se hisser au niveau d’une histoire qui essaye d’être objective, quand elle est élaborée et écrite par des historiens.